

coupe du réseau de la Pierre saint martin
Situé au coeur des Pyrénées, à quelques encâblures de la frontière espagnole, le massif de la Pierre Saint Martin est connu des skieurs et randonneurs ; il est surtout réputé auprès des spéléologues.
Véritable gruyère de 360 kilomètres de galeries et de cavités, il a été rendu célèbre par la caméra de Aroum tazieff, dans les années 1950.
Située à 700 mètres au-dessus du sommet de la montagne, la salle de la Verna est la plus grande jamais découverte en France :
une cathédrale, haute de 194 mètres et large de 240 mètres, une des plus grande salle du monde.
C’est là, dans cet immense antre que la Shem, Société hydroélectrique du Midi, filiale de Suez vient de réaliser une centrale hydroélectrique.
Exemplaire sur le plan environnemental, le chantier a bénéficié du soutien des élus locaux et surtout des fédérations de pêche et de spéléologie ainsi que des associations et des riverains.
Il faut d’abord monter jusqu’à Saint-Engrâce, un village éclaté en deux morceaux avec d’un côté, l’église du XIème siècle, de l’autre sa mairie, son tabac et son café. Partant de là, on rejoint le barrage sur lequel la Shem exploite déjà deux usines hydroélectriques, construites en 1917 et en 1953, avant d’atteindre un peu plus haut la nouvelle unité, évidemment baptisée la Verna.
Quatres kilomètres de lacets et quelques centaines de mètres plus haut, l’entrée du tunnel EDF.
Puis à pied, 660 mètres seulement marqués par deux ou trois bifurcations et parfaitement renforcés et c’est l’arrivée sur le balcon.
il fait noir et c’est d’abord le bruit assourdissant du torrent qui saisit.
Formé d’immenses rochers, le balcon est comme posé à mi-hauteur de la salle, une salle énorme dans laquelle pourraient s’empiler six cathédrales Notre Dame de Paris…

Salle de la Verna : modèle numérique de terrain réalisé par lasergrammétrie représentant la
cathédrale Notre Dame de Paris en contre bas de la galerie Aranzadi

vue de la plateforme EDF, du nord vers le Sud

Panorama de la salle de la Verna, gouffre de la pierre saint Martin.
La salle de la Verna est la plus grande salle souterraine de France et la dixième plus grande au monde. Ses dimensions de 245m x 242m x 194m ont même permis aux élèves de Polytechnique d’y réaliser un vol en Mongolfière (de 25m de hauteur) !

Montgolfière dans la salle de la Verna.
Cette salle découverte en 1953 est située à 734m de profondeur de l’entrée naturelle connue à l’époque (Gouffre de la Pierre St Martin, puit Lépigneux).
Comment s’est donc formée la salle de la Verna ?
Dans le cas de la salle de la Verna, le socle hercynien est localement composé de calcaires dévoniens. Grâce à la position et à la nature des remplissages de la galerie Aranzadi, perchée 100 m au-dessus de la salle de la Verna, on sait que la rivière s’écoulait il y a environ 200 000 ans dans cette galerie, ce qui n’est plus le cas aujourd’hui.
Les eaux de la rivière souterraine ont infiltré les calcaires dévoniens du socle en les dissolvant peu à peu. Les nombreux vides karstiques ainsi crées ont abouti à un effondrement important entre 194 000 et 211 000 ans, à l’origine du vide imposant actuel.
La salle de la Verna est donc liée à une capture hydrologique par l’intermédiaire d’une « doline d’effondrement souterraine » dans le socle. Les eaux de la rivière sont maintenant drainées dans les calcaires dévoniens du socle vers d’autres galeries souterraines, à ce jour non reconnues.
Exploré par Eugène Fournier et Édouard-Alfred Martel dès la fin du 19ème siècle, le massif acquiert sa notoriété avec la découverte, en 1950, par Georges Lépineux du gouffre de la Pierre Saint-Martin, qui constituera le premier accès à la rivière Saint-Vincent.
En 1951, cette verticale de 320 mètres, la plus grande du monde à l’époque, est descendue par Georges Lépineux, Marcel Loubens et Haroun Tazieff à l’aide d’un treuil conçu par Max Cosyns, physicien belge.

Gouffre lépineux 320 mètres de vertical, entrée naturelle

entrée du gouffre lépineux de nos jours
En 1952, une expédition de grande ampleur, prévue à laquelle participe encore Haroun Tazieff tourne au drame : un serre-câble se dévisse, Loubens fait une chute de 30 mètres au cours de sa remontée et décède au fond du gouffre. Le corps est enterré sur place, et ne sera ramené à la surface que deux ans plus tard.
Ce drame au fond du gouffre le plus profond du monde est relayé par la presse mondiale et sera relaté par Tazieff dans son livre « Le Gouffre de la Pierre Saint-Martin ».
« Animé par une passion toute désintéressée pour la spéléologie, n’a cessé depuis sa jeunesse, périlleuses descentes, a entrepis, avec de valeureux compagnons, en août 1952, l’exploration particulièrement dangereuse du gouffre de la Pierre Saint Martin , et y a trouvé une mort glorieuse au service de la science. »
Dans le gouffre, à l’endroit du bivouac, fut écrite l’épitaphe : « ici Marcel Loubens a vécu les derniers jours de sa vie courageuse » Son nom a été donné à de nombreuses rues et voies, ainsi qu’à plusieurs bâtiments publics et bien sûr à d’innombrables salles de grottes. Un gouffre porte son nom en Italie.
Une cavité souterraine devenue centrale électrique
Jacques Labeyrie a l’idée d’un aménagement hydraulique sur le site. C’était avant même la découverte, en 1953 par une équipe de spéléologues lyonnais, de l’immense salle de La Verna, traversée six mois de l’année par la rivière souterraine. En 1956, EDF s’intéresse au site et entreprend la construction d’un tunnel de 660 mètres de long, devant permettre de rejoindre la salle où sera effectué le captage. À l’époque, l’opérateur historique est en pleine frénésie de construction de barrages hydrauliques, mais le site ne délivre pas la capacité de production électrique escomptée et EDF renonce à son projet en 1960. Le tunnel ne sera plus dès lors emprunté que par les spéléologues, jusqu’en 2006. Le projet est alors repris par la Shem, Société Hydroélectrique du Midi – filiale de la SNCF, qui a été reprise en 2006 par Électrabel, du groupe Suez. La société, qui compte 50 usines hydroélectriques dans le Massif Central et les Pyrénées, opére depuis de longue date dans la région. C’est aussi sûrement cette ancienneté qui a permis à l’opérateur d’obtenir l’agrément des représentants locaux, élus et associatifs.
Les collectivités y ont vu la possibilité d’ouvrir le site au tourisme ; « Grâce au projet de La Verna, la rivière de Sainte-Engrâce a retrouvé une seconde vie en laissant place à nouveau à la faune et à la flore », renchérit Clément Bosom, président de l’Association agréée de pêche et de protection du milieu aquatique du Pays de Soule. Et pour Jean-François Godard, conseiller technique pour le Comité départemental de spéléologie Pyrénées-Atlantiques, « ce projet est une occasion formidable de démontrer encore une fois que la spéléologie et ses passionnés contribuent au progrès et en l’occurrence celui de l’énergie ».
Sans le soutien de ces passionnés, aucun barrage n’aurait pu être envisagé ; les ingénieurs de la Shem en étaient conscients. De fait, tout a été fait pour inséréer au mieux le projet dans environnement. Aucune grosse machine n’a pu pénétrer dans la salle de la Verna. Béton, sable, poutrelles en acier ont donc été acheminés à la main ou sur de petits chariots. Une passerelle qui donne accès à la prise d’eau a été construite le long de la falaise. Elle est elle-même longée par la conduite forcée de 60 centimètres de diamètre, suit sous terre le chemin de la galerie jadis creusée par EDF. À sa sortie de tunnel, c’est toujours enterrée que la conduite plonge dans la vallée jusqu’à la nouvelle usine, située à 900 mètres en contrebas. Les travaux ont débuté en 2006 et les premiers essais ont été opérés en décembre dernier. L’unité, qui a été couplée pour la première fois au réseau en janvier, met dorénavant ses 4 MW de puissance, rapidement mobilisables, au service d’une demande de pointe. L’énergie qu’elle produit recevra aussi dès cette année la certification verte TÜV EE-02. L’investissement – très minoré à cause des travaux d’infrastructures initialement réalisés par EDF – s’est élèvé à 6 millions d’euros ; il sera amorti sur dix ans.


Un nouvel accident, survenu en août 1985, a coûté la vie au spéléologue tchèque Jir Kubalek.

La prise d’eau, à l’arrière de la salle de La Verna
WWW.laverna.eu

cliquez sur le schéma
C’est là qu’est décédé Marcel Loubens, le 14 août 1952, il a fait une chute de 30 mètres à partir de la remontée du puit.







Visite
Je me suis renseignée, ce jour le 2 avril 2009 et d’après la Directrice de l’office du tourisme de la Pierre Saint-Martin – Vallée de Barétous, la salle de la Verna n’est pas ouverte au public pour le moment. Elle devrait l’être dans le courant de l’année 2010.