Archive pour mai, 2009
L’Abbé Pierre
Henri Grouès, dit l’abbé Pierre, né le 5 août 1912 à Lyon et mort le 22 janvier 2007 à Paris, est un prêtre catholique français, résistant puis député, fondateur du Mouvement Emmaüs (organisation caritative laïque destinée à aider les pauvres, exclus et réfugiés) et de la Fondation Abbé-Pierre pour le logement des défavorisés.
Biographie
Henri Grouès est né le 5 août 1912 à Lyon (IVe) dans une famille bourgeoise aisée et pieuse de négociant en soie lyonnais, originaire, du côté paternel, du hameau de Fouillouse en Saint-Paul-sur-Ubaye, village le plus haut des Alpes-de-Haute-Provence situé au fond de la vallée de l’Ubaye, et de Tarare dans le Rhône du côté maternel. Il est le cinquième de huit enfants. Il a été baptisé à l’église Saint-Eucher, dans le 4e arrondissement de Lyon. Il passe son enfance à Irigny, une commune au Sud-Ouest de Lyon. À 12 ans, il accompagne son père à la confrérie séculaire des Hospitaliers veilleurs, où les bourgeois se font coiffeurs barbiers pour les pauvres.
Élève à l’externat Saint-Joseph (actuel Lycée Saint-Marc), il fit partie des scouts de France, dans lesquels il fut totémisé « Castor méditatif ». En 1928 à 16 ans, après un « coup de foudre avec Dieu » selon ses propres mots, il veut entrer dans les ordres franciscains, cependant il devra attendre d’avoir 17 ans et demi. À ce sujet il déclara « On me disait beau gosse, peut-être même un peu mondain, pourtant, le lendemain je serai moine.»
Entrée dans les ordres
En 1931, il fait profession chez les capucins où il prononce ses vœux. Il renonce cette année-là à sa part du patrimoine familial, et donne tout ce qu’il possède à des œuvres caritatives. En religion, Henri Grouès devient frère Philippe. En 1932, il entre au cloître, au couvet de Cret où il passe sept années d’austérité religieuse.
Le samedi 18 décembre 1937, il est ordonné diacre par Mgr Pic, évêque de Valence (Drôme) dans la chapelle du Grand Séminaire, 75 rue Montplaisir, qui abrite aujourd’hui le Lycée Privé Catholique Montplaisir.
Il est ordonné prêtre le 24 août 1938 en la chapelle du lycée Saint-Marc. En avril 1939, il devient vicaire à la Basilique Saint-Joseph de Grenoble.
Seconde Guerre mondiale
Il est mobilisé comme sous-officier dans le régiment du train des équipages, en décembre 1939, au début de la Seconde Guerre mondiale.
Selon sa biographie officielle issue des archives officielles du Ministère de la Défense Nationale, « vicaire à la cathédrale Notre-Dame de Grenoble, il recueille des enfants juifs dont les familles ont été arrêtées lors des rafles des Juifs étrangers en zone Sud, en août 1942 ».
La même année, il fait passer en Suisse le plus jeune frère du général de Gaulle, Jacques, ainsi que son épouse. Il participe à la création de maquis dont il est un des leaders dans le massif du Vercors et le massif de la Chartreuse. C’est à cette époque qu’il rencontre Lucie Coutaz, qui le cache sous un faux nom, et restera sa secrétaire particulière jusqu’à sa mort en 1983. Elle est considérée comme la co-fondatrice du Mouvement Emmaüs.
Il aide les réfractaires au Service du travail obligatoire (STO). Il prend le nom d’abbé Pierre dans la clandestinité. En 1944, il est arrêté par l’armée allemande à Cambo-les-Bains, dans les Pyrénées-Atlantiques, mais est relâché et passe en Espagne puis rejoint via Gibraltar le général de Gaulle à Alger en Algérie française. Il devient aumônier de la Marine sur le Jean Bart à Casablanca (Maroc) et devient une figure importante de la Résistance.
Ses actions dans la résistance lui valent la Croix de guerre avec palme à la Libération. De son expérience passée et des drames dont il a été témoin, il doit, comme bien d’autres résistants de tout bord qui l’ont côtoyé, son engagement politique pour restaurer une société digne fondée sur les droits humains fondamentaux, mais aussi sa profonde détermination à agir pour des causes qu’il croit justes, y compris parfois dans l’illégalité, et à mobiliser autour de lui pour faire changer les lois établies et les regards indifférents.
Carrière politique
Après la guerre, sur les conseils de l’entourage de De Gaulle, et l’approbation de l’archevêque de Paris, il est élu député de Meurthe-et-Moselle aux deux assemblées nationales constituantes (1945-1946), comme indépendant apparenté au Mouvement républicain populaire (MRP) de résistants démocrates-chrétiens, puis à l’Assemblée nationale de 1946 à 1951, où il siège d’abord sein du groupe MRP. Sa profession de foi affiche un programme proche du populisme (ni capitaliste, ni collectiviste, Suppression des contraintes administratives, vote familial, immigration étroitement filtrée, expulsion immédiate des immigrés indésirables).
En 1947, il est vice-président de la Confédération mondiale, mouvement fédéraliste universel (mondialisation démocratique). Avec Albert Camus et André Gide, il fonde le comité de soutien à Garry Davis, citoyen du monde, qui s’oppose à la remontée rapide des égoïsmes nationaux et déchire son passeport devant l’ambassade américaine.
Il se désolidarise du parti politique après « l’incident sanglant » de Brest d’avril 1950, ayant provoqué la mort de l’ouvrier Édouard Mazé. Dans sa lettre de démission du 28 avril 1950, Pourquoi je quitte le MRP, il dénonce les positions politiques et sociales du Mouvement. Il rejoint ensuite la Ligue de la jeune République, mouvement chrétien socialiste. Mais, il ne se représentera plus à l’Assemblée à la fin de son mandat : sa courte carrière politique se termine en 1951 et l’abbé Pierre retourne à sa vocation première de prêtre-aumônier et s’investit, avec sa petite rente d’ex-député, dans ses actions caritatives.
Fondation d’Emmaüs
Il fonde en 1949 le Mouvement Emmaüs (en référence à Emmaüs, village de Palestine apparaissant dans un épisode du dernier chapitre de l’Évangile selon Luc) d’aide aux déshérités, particulièrement aux sans-abris. Il commence ainsi dès 1950 par fonder la communauté d’Emmaüs Neuilly-Plaisance.
Les communautés Emmaüs se financent par la vente de matériels et d’objets de récupération et construisent des logements.
« Emmaüs, c’est un peu la brouette, les pelles et les pioches avant les bannières. Une espèce de carburant social à base de récupération d’hommes broyés. »
C’est une organisation laïque.
En 1952, il participe au jeu « Quitte ou double » sur Radio Monte Carlo pour alimenter financièrement son combat, où il gagnera 256 000 francs de l’époque.
En décembre 2003, sur la proposition de M. Jean-Paul Carteron Président du Forum de Crans Montana, il reçoit le prix de la Fondation des mains de S.A.S. le prince héréditaire Albert de Monaco. Il s’agira du seul prix « profane » accepté par l’abbé Pierre dans toute vie. Ainsi qu’il le déclara en recevant la modeste œuvre d’art symbolisant ce prix, « je la mettrai sur la table où tous les jours je dis ma messe ».
Quelques citations de l’abbé Pierre
« Les blasphèmes qui montent en multitude de la terre ne sont pas lancés contre Dieu vrai, contre Dieu Amour. Ils sont lancés à la face des faux dieux, façonnés par les égoïsmes, les hypocrisies, les intérêts politiques. Le seul blasphème, c’est le blasphème contre l’amour »
(Mémoires d’un croyant / 1997)« On ne possède vraiment que ce que l’on est capable de donner. Autrement on n’est pas le possesseur, on est le possédé. »
(Dieu et les Hommes / 1993)
« Il n’y a que les hommes pour tuer un million d’entre eux pour la victoire d’un chef : des hommes qui ne se connaissent pas s’entre-tuent sur l’ordre de chefs qui se connaissent et ne s’entre-tuent pas, chefs qui signeront la paix en se serrant la main, un verre de champagne dans l’autre. »
(Absolu / 1994)
« J’ai arrêté d’envoyer de vieux habits à l’abbé Pierre : il ne les met jamais. »
(José Artur / Les pensées)
Emmaüs
Tout a commencé ainsi :
L’abbé Pierre recueille dans son auberge de Neuilly-Plaisance un homme désespéré et au bord du suicide, Georges Legay. Celui-ci lui demande son aide mais l’abbé Pierre ne possède rien. Aussi lui propose-t-il plutôt de consacrer sa vie à aider les autres plutôt que de la détruire. L’homme sera le premier compagnon d’Emmaüs. Ensemble, ils organiseront le mouvement. Rapidement, plusieurs compagnons y prendront part et auront l’idée de récupérer des objets usés pour les revendre. Les fonds serviront alors à la construction d’abris provisoires.
1954 – L’Abbé Pierre pose la première pierre de HLM Emmaüs
L’histoire d’Emmaüs commence en 1949 à Neuilly-Plaisance avec la création par l’abbé Pierre de la première communauté. L’Association Emmaüs est créée en 1953, rue des Bourdonnais, à Paris, pour organiser et développer le mouvement. Dans un contexte de pénurie de logements, l’abbé Pierre lance en février 1954 sur Radio Luxembourg son célèbre appel “Mes amis, au secours” qui déclenchera “l’insurrection de la bonté”.
A partir de 1982, l’Association Emmaüs connaïtra un regain d’activité avec l’apparition d’une forme d’exclusion désignée alors sous le terme de « nouveaux pauvres ».L’histoire de l’associationL’Association Emmaüs paraît au Journal Officiel du 17 mars 1954. En fait sa naissance est antérieure et son histoire débute avant, en même temps que le mouvement Emmaüs.
L’histoire institutionnelle de l’association s’écrit en quatre périodes.
Première période : 1947 – 1953
La nécessité d’une Association Emmaüs
L’Association Emmaüs n’existe pas au moment du départ symbolique du mouvement Emmaüs. L’abbé Pierre a reconnu de nombreuses fois que la création du mouvement Emmaüs n’a été ni raisonnée ni décidée ni voulue. C’est un concours de circonstances et une attention aux plus pauvres qui l’ont conduit à louer une grande maison à Neuilly-Plaisance en 1947, à créer une auberge de jeunesse, à lui donner le nom d’Emmaüs, à accueillir en 1949 Georges un suicidé manqué qui sera considéré comme le premier compagnon-chiffonnier d’Emmaüs, à tenir des conférences, à organiser des abris ou des camps de détresse pour les sans-logis.Pour répondre à la multiplication et l’intensification de l’action, germe alors l’idée, en 1953 de créer deux structures : une société civile immobilière et une association permettant des actions que ne pouvait assumer l’auberge de jeunesse. « On constitua alors, dit-il, une nouvelle association ayant un triple but : venir en aide aux sans-logis notamment par le secours immédiat et la construction de logements, favoriser les rencontres internationales, mettre des moyens à la disposition de personnes désirant vivre en communauté…. »
Le dossier de constitution de l’association se perdit dans les arcanes administratifs. La déclaration fut recommencée en février 1954 pour, cette fois, aboutir. L’Association Emmaüs correspond en fait à la première institutionnalisation du mouvement Emmaüs.
Par la création de l’association, le mouvement est prêt, de fait, à assumer les conséquences du mouvement créé par l’appel du 1er février 1954. Dès avril 1954, l’Association Emmaüs s’installe au 32 rue des Bourdonnais à Paris 1er.
Deuxième période : 1954 – 1962
Une association dynamique et efficace
L’efficacité de l’association reposait en grande partie sur l’énergie de l’abbé Pierre et de son entourage, sur les capacités financières de l’association acquises suite à l’appel du 1er février 1954 (du 1er février au 30 juin 1954 par exemple, l’Association Emmaüs a investi 541 millions de francs et prêté 320 millions de francs de l’époque soit 15 millions d’euros), sur les facultés organisationnelles et militantes de l’équipe de direction (responsables politiques et administratifs mêlés).De multiples initiatives sont lancées : centres d’accueil, services sociaux, opérations débarras, bourses aux logements, financement d’habitat locatif social avec la création de la SAHLM Emmaüs, accession sociale à la propriété avec la création de sociétés coopératives de construction, développement des communautés, invention du syndicalisme du logement par la création de l’UNASL (Union nationale des Associations d’Aide aux sans-Logis (devenue en 1957 la Confédération générale du logement – CGL), édition de la revue Faim et Soif des Hommes, et même création d’entreprises du bâtiment. L’association finance et “chapeaute” tout. Lors de l’assemblée générale de l’association, les comptes et bilans de tous les organismes qu’elle a créés sont présentés et débattus.
L’association est en prise directe avec les problèmes de la société et imagine les solutions à proposer. Mais des problèmes de coordination et d’organisation se posent rapidement. Devant une telle diversité, l’Association se réorganise et se compose ainsi en 1956 de 3 branches (« compagnonnage », « Amis d’Emmaüs » et « Fraternités ») et de plusieurs « filiales » : UNASL, Association de la revue « Faims et Soifs des Hommes », IRAMM (« Institut de Recherche et d’Action sur la Misère du Monde »), SAHLM Emmaüs, Sociétés de construction, associations communautaires (une par communauté) regroupées au sein de l’Union Nationale Communautaire (qui deviendra Union Centrale des Associations Communautaires Emmaüs puis Union Centrale des Communautés Emmaüs). L’association décide finalement en 1958 de se décentraliser et d’organiser des filiales autonomes.
En 1958, lorsque l’abbé Pierre tombe malade et abandonne ses fonctions de président de l’Association Emmaüs, celle-ci compte 5 filiales, 10 services extérieurs et de nombreuses communautés (regroupant 700 communautaires). On fait souvent coïncider la maladie de l’abbé Pierre avec le renforcement de la mainmise de l’entourage technique de l’abbé Pierre sur l’organisation (ce que proclament les opposants, notamment lorsqu’ils parlent de vaticanisation de la rue des Bourdonnais). On l’interprète aussi comme le signe de la rigueur et de la force de l’organisation qui arrive à surmonter la défaillance pour raisons de santé du fondateur. Jusqu’en 1961, l’Association Emmaüs regroupe ainsi l’ensemble du mouvement Emmaüs.
Une telle concentration secrète évidemment son opposition et ses faiblesses : crise politique à la CGL en 1961, difficultés financières à la SAHLM Emmaüs, création de l’UACE (Union des Amis et Compagnons d’Emmaüs) en 1962 en opposition à l’UCACE, etc.
Le groupe a trop grossi, les problèmes d’organisation sont trop difficilement surmontables. Les filiales prennent leur autonomie, soit parce qu’elles étaient en crise interne, soit parce que le groupe les rassemblant ne pouvait plus « suivre » ou n’avait plus l’autorité suffisante, le tout correspondant en même temps à une volonté décentralisatrice. « Ce qui manque le plus, c’est la coordination entre toutes ces activités… » dit Jacques Vreck à l’assemblée générale de l’association de 1961.
Troisième période : 1963 – 1982
La mise en sommeil…
Les associations spécialisées ayant pris leur complète autonomie, restent pour l’Association Emmaüs elle-même peu de choses à gérer. Il faut cependant tenir. L’association se met en sommeil. Seule se réunit la coordination des responsables techniques salariés. Le conseil de l’association ne se réunit même plus. Les deux seules activités de l’Association Emmaüs sont la permanence de l’auberge de la rue des Bourdonnais (qui devient CHRS en 1973) et la gestion de la cité Prost pour l’accueil des compagnons de passage.« Il reste à l’Association Emmaüs le secteur des familles » déclare Henri Camus à l’assemblée générale de 1968. En effet, à partir de 1968, l’association prend en charge la gestion d’un centre social à la Cité de la Joie, quartier historique du mouvement Emmaüs mais en difficulté et géré très difficilement par la SAHLM Emmaüs.
En 1969 est créé Emmaüs-International.
Quatrième période : 1983 – 1999
Le nouvel élan, le redéveloppement
Le nouvel élan de l’association, et son développement, qui n’a plus cessé depuis, date de 1982. Il correspond au développement de la nouvelle forme d’exclusion apparue à cette période sous le terme de « nouvelle pauvreté ». L’Association gère 4 services en 1980 comme en 1975. Mais les dirigeants de l’époque, quoique peu nombreux, se saisissent du nouveau phénomène et en assument les conséquences : élargissement du conseil d’administration aux communautés UCC de la région parisienne, prise en charge la réapparition publique de l’abbé Pierre dans les médias (Noël 84), organisation de secours d’urgence par les soupes de nuit, création du SAR (futur SARAH), ouverture des centres d’hébergement d’urgence, réouverture du Foyer Prost après travaux en 1984, lancement de la lettre de la Quinzaine en 1986, Création en partenariat de la banque alimentaire, création de l’Atelier de lutte contre l’illettrisme et du service RMI en 1988, etc.« Notre ligne générale a été et est encore de répondre présent sur tous les fronts de la pauvreté » déclare Michel Lefebvre à l’assemblée générale de 1988
L’association a agi auprès des personnes en situation d’exclusion avant les pouvoirs publics, elle a participé à l’interpellation des pouvoirs publics. Elle répond donc aux sollicitations des pouvoirs publics lorsque ceux-ci mettent en place des outils : RMI, réquisitions, ALT, actions pauvreté-précarité, etc.
L’augmentation et l’évolution des sans-logis en vagues nouvelles et successives conduisent l’association à développer un éventail cohérent de solutions complémentaires et à leur trouver une taille compatible avec la gestion, la demande et les sollicitations publiques.
En 2001, l’Association Emmaüs gère 36 services et sites, compte 250 salariés, 270 bénévoles, 70 compagnons, 24 000 donateurs et 197 adhérents.
L’action internationale
Au-delà du soutien qu’elle apporte aux actions d’Emmaüs International, l’Association Emmaüs parraine trois associations :
• Les amis du Frère Albert, à Nowy Sacz en Pologne, pour le soutien d’un centre d’hébergement d’urgence et d’une communauté de compagnons
• La communauté de compagnons de Lvov en Ukraine
• Espas (Emmaüs Soutien et Partenariat avec une Afrique Solidaire) au Sénégal, pour la création d’un orphelinat dans la banlieue de Dakar.L’Association est engagée aux côtés de la Mie de Pain, de l’Association des Cités du Secours Catholique et de la Halte des Amis de la rue, dans le programme européen Equal (Interface Emploi et Interprépa) pour la remise à l’emploi des personnesen grande difficulté
L’Association a été retenue par le FSE (Fonds social européen) pour le programme Prologe qui permettra à des personnes en grande exclusion de se préparer à habiter un logement.L’Association Emmaüs est adhérente à l’Observatoire méditerranéen du volontariat, qui réunit diverses associations de l’arc méditerranéen engagées dans le développement de la solidarité dans leur pays respectif.
Quelques documents repères
L’appel de 1954
Mes amis, au secours…
Une femme vient de mourir gelée, cette nuit à trois heures, sur le trottoir du boulevard Sébastopol, serrant sur elle le papier par lequel, avant hier, on l’avait expulsée…
Chaque nuit, ils sont plus de 2000 recroquevillés sous le gel, sans toit, sans pain, plus d’un presque nu.
Devant l’horreur, les cités d’urgence, ce n’est même plus assez urgent !
Écoutez-moi :
en trois heures, deux premiers centres de dépannage viennent de se créer : l’un sous la tente au pied du Panthéon, rue de la Montagne Sainte Geneviève ; l’autre à Courbevoie.
Ils regorgent déjà, il faut en ouvrir partout.
Il faut que ce soir même, dans toutes les villes de France, dans chaque quartier de Paris, des pancartes s’accrochent sous une lumière dans la nuit, à la porte de lieux où il y ait couvertures, paille, soupe, et où l’on lise sous ce titre « centre fraternel de dépannage », ces simples mots :
« TOI QUI SOUFFRES, QUI QUE TU SOIS,
ENTRE, DORS, MANGE,
REPREND ESPOIR,
ICI ON T’AIME »
La météo annonce un mois de gelées terribles.
Tant que dure l’hiver, que ces centres subsistent, devant leurs frères mourant de misère, une seule opinion doit exister entre hommes : la volonté de rendre impossible que cela dure.
Je vous prie, aimons-nous assez tout de suite pour faire cela.
Que tant de douleur nous ait rendu cette chose merveilleuse : l’âme commune de la France.
Merci !
Chacun de nous peut venir en aide aux “sans abri”.
Il nous faut pour ce soir, et au plus tard pour demain :
• 5000 couvertures,
• 300 grandes tentes américaines,
• 200 poêles catalytiques
Déposez les vite à l’hôtel Rochester, 92 rue de la Boétie. Rendez-vous des volontaires et des camions pour le ramassage, ce soir à 23 heures, devant la tente de la montagne Sainte Geneviève.
Grâce à vous, aucun homme,
aucun gosse ne couchera ce soir
sur l’asphalte ou sur les quais de Paris.
Merci !
Avoir souffert rend tellement plus perméable à la souffrance des autres.
Abbé Pierre
***
Que ceux qui ont faim aient du pain !
Que ceux qui ont du pain aient faim de justice et d’amour !
Abbé Pierre
***
Le pouvoir est aveugle,
les détresses les plus accablantes sont muettes…
Comment faire se rejoindre
ceux qui savent et ceux qui peuvent ? Abbé Pierre
Le manifeste universel du Mouvement Emmaüs
Préambule
Notre nom, EMMAÜS, est celui d’une localité de Palestine où des désespérés retrouvèrent l’espérance. Ce nom évoque pour tous, croyants ou non croyants, notre commune conviction que seul l’amour peut nous lier et nous faire avancer ensemble.
Le Mouvement Emmaüs est né en novembre 1949 par la rencontre d’hommes ayant pris conscience de leurs situations privilégiées et de leurs responsabilités sociales devant l’injustice, et d’hommes qui ne possédaient plus de raison de vivre. Les uns et les autres décidant d’unir leur volonté et leurs actes pour s’entraider et secourir ceux qui souffrent, dans la conviction que c’est en devenant sauveur des autres que l’on se sauve soi-même. Pour ce faire, se sont constituées des communautés qui travaillent pour vivre et donner. En outre, des groupes d’amis et de volontaires luttent sur les plans civique et privé.Manifeste
I- Notre loi est celle de laquelle dépend, pour l’humanité entière toute vie digne d’être vécue, toute vraie paix et joie de chaque personne et de chaque société.
“Servir avant soi qui est moins heureux que soi”.
“Servir premier le plus souffrant”.II- Notre certitude est que le respect de cette loi doit animer toute recherche de justice et donc de paix entre les hommes.
III- Notre but est d’agir pour que chaque homme, chaque société, chaque nation puisse vivre, s’affirmer et s’accomplir dans l’échange et le partage, ainsi que dans une égale dignité.
IV- Notre méthode consiste à créer, soutenir, animer des milieux dans lesquels tous, se sentant libres et respectés, puissent répondre à leurs propres besoins et s’entraider.
V- Notre premier moyen, partout où cela est possible, est le travail de récupération qui permet de redonner valeur à tout objet et de multiplier les possibilités d’action d’urgence au secours des plus souffrants.
VI- Tous autres moyens réalisant l’éveil des consciences et le défi doivent aussi être employés pour servir et faire servir premier les plus souffrants, dans un partage de leurs peines et de leurs luttes, privées et civiques, jusqu’à la destruction des causes de chaque misère.
VII- Notre liberté: EMMAÜS n’est subordonné, dans l’accomplissement de sa tâche, à aucun autre idéal que celui exprimé dans le présent Manifeste, et à aucune autre autorité que celle constituée en son sein selon ses propres règles d’organisation. Il s’agit en conformité avec la Déclaration des Droits de l’Homme, adoptée par les Nations Unies et les lois justes de chaque société, de chaque nation, sans distinction politique, raciale, linguistique, spirituelle ou autre.
Rien d’autre ne peut être requis de quiconque désire participer à notre action que l’acceptation du contenu du présent Manifeste.
VIII- Nos membres : Le présent Manifeste constitue le fondement simple et précis du Mouvement EMMAÜS. Il doit être adopté et appliqué par chaque groupe désirant en être membre actif.
L’action internationale
Au-delà du soutien qu’elle apporte aux actions d’Emmaüs International, l’Association Emmaüs parraine trois associations :
• Les amis du Frère Albert, à Nowy Sacz en Pologne, pour le soutien d’un centre d’hébergement d’urgence et d’une communauté de compagnons.
• La communauté de compagnons de Lvov en Ukraine.
• Espas (Emmaüs Soutien et Partenariat avec une Afrique Solidaire) au Sénégal, pour la création d’un orphelinat dans la banlieue de Dakar.L’Association est engagée aux côtés de la Mie de Pain, de l’Association des Cités du Secours Catholique et de la Halte des Amis de la rue, dans le programme européen Equal (Interface Emploi et Interprépa) pour la remise à l’emploi des personnesen grande difficulté.L’Association a été retenue par le FSE (Fonds social européen) pour le programme Prologe qui permettra à des personnes en grande exclusion de se préparer à habiter un logement.L’Association Emmaüs est adhérente à l’Observatoire méditerranéen du volontariat, qui réunit diverses associations de l’arc méditerranéen engagées dans le développement de la solidarité dans leur pays respectif.
Les coordonées
Siège social association Emmaüs
32 rue des Bourdonnais
75001 Paris
tél 0144827720
fax 0140280426
contact@emmaus.asso.fr
www.emmaus.asso.fr
Fondation Abbé Pierre
www.fondation-abbe-pierre.fr
La SPA
La SPA a été créée en 1845 par Etienne PARISET.
Etienne Pariset , Fonfdateur de la SPA
Le premier combat de notre association se porte vers la protection des chevaux. Au fil des années, la SPA grandit en même temps que l’intérêt porté aux animaux par la société de l’époque.
De nombreux intellectuels, comme Victor Hugo, défendent le combat de la protection animale et proposent même une loi, la première du genre, consacrée à la protection des animaux.
Victor Hugo, soutien de la SPA
Un premier pas pour construire et faire évoluer l’action de notre association jusqu’en 1881 date à laquelle Guy de Maupassant lance un appel pour créer le premier refuge SPA.
Guy de MAUPASSANT
En effet devant le nombre d’abandons d’animaux de compagnie (chiens et chats), la SPA devient une association indispensable pour les Français.
Très vite, en 1905 le combat de la SPA se diversifie notamment en dénonçant les expérimentations animales sur les chiens.
En 1903, le premier refuge SPA est créé à Gennevilliers (92). Il permettra d’accueillir de nombreux animaux, de les soigner, les stériliser et leur retrouver une nouvelle famille.
Après la guerre en 1948, forte de ses milliers de membres, la SPA souhaite créer une section Jeunes pour éduquer les enfants au respect des animaux, agréée par le Ministère de l’Education Nationale. Cette section rassemble aujourd’hui plusieurs milliers de jeunes de 8 à 18 ans répartis dans toute la France.
En 1976, la Présidente de la SPA Jacqueline Thôme-Patenôtre dépose à l’Assemblée Nationale la « charte de l’animal » soutenue par Roland Nungesser qui sera un des futurs présidents de l’Association.
Jacqueline THOME-PATENOTRE
Les années 80 renforcent l’action de la SPA sur le terrain avec la création de nombreux refuges, mais également, de plusieurs dispensaires pour accueillir les personnes n’ayant pas les ressources suffisantes pour faire soigner ou stériliser leur animal de compagnie. L’accroissement des personnes démunis est dû à la crise économique, ce qui provoque de plus en plus d’abandons.En 1982 la SPA mise sur l’information du public avec la création de la revue Animaux Magazine au service des protecteurs des animaux. Un moyen considérable pour sensibiliser un public nouveau sur le sort qui est réservé aux animaux. Animaux Magazine est également le fer de lance de campagnes nationales notamment pour l’abolition de la chasse à courre en 1983. Une information sur les méthodes de vivisection en 1984, etc…
Plus qu’un magazine, un véritable outil de lobbying que les Parlementaires français n’hésitent pas à prendre en référence pour de nombreux sujets liés aux animaux.
En 1987 un Groupe Parlementaire d’Etude pour la Protection Animale est créé à l’Assemblée Nationale grâce à l’action de son Président Roland Nungesser.
Les années 90 est une période grande activité pour la SPA devant les 100 000 chiens abandonnés. Chaque année la SPA interpelle les Pouvoirs Publics et dénonce les importations massives de chiots, des Pays Bas ou de Belgique, vendus à crédit jusque dans les grandes surfaces. A ce commerce la SPA propose l’adoption et deux mots-clés responsabilisation et stérilisation.
En 1992, devant le nombre croissant de trafics d’animaux, la SPA décide de créer une Cellule anti-trafic permettant de démasquer notamment le trafic qui a conduit au retentissant « Procès d’Agen ».
En 1993, la SPA travaille de concert avec ses homologues européens et crée officiellement un Service Européen qui permettra de faire évoluer les textes de lois au niveau de la Commission Européenne et du Parlement.
Le 1er mars 1994 le travail de la SPA se concentre au niveau national. En effet, il est important que le nouveau Code Pénal entre en vigueur, ce qui, grâce à la SPA, est chose faite. Les actes de cruauté sur les animaux sont réprimés de deux ans d’emprisonnement et
de 30 000 € d’amende et les mauvais traitements sont punis d’une amende allant de 457 € et 762 €.
1995 fête les 150 ans de la SPA qui réaffirme son engagement et poursuit son combat pour Sauver Protéger et Aimer les animaux.
Depuis, les « troupes » de la SPA se sont élargies. En effet 55 refuges sur toute la France sont ouverts pour recueillir chaque année 45 000 chats et chiens, les soigner, les stériliser et leur retrouver une famille.
Une dizaine de dispensaires – 2 000 bénévoles – 1 100 délégués enquêteurs et plusieurs centaines de Jeunes SPA participent désormais à la vie de l’Association qui n’a de cesse de lutter contre le trafic d’animaux, la chasse aux phoques, le commerce de la fourrure et plus généralement pour le bien-être des animaux.
A l’aube de l’an 2000, la SPA se dote d’un outil de communication important : un site internet qui nous permet de communiquer avec nos Membres et le grand public. Aujourd’hui, la SPA poursuit son action de terrain et de lobbying pour faire évoluer la condition des animaux en France mais également à l’étranger avec de solides partenariats qu’elle réalise avec des associations internationales.
Les dates
1850 : L’Assemblée Nationale approuve la première loi consacrée à la protection des animaux.
1860 : Napoléon III accorde la reconnaissance d’Utilité publique à la SPA.
1881 : Guy de Maupassant accorde la reconnaissance d’Utilité Publique à la SPA.
1905 : la SPA dénonce les expériences sur les chiens pratiquées sur des laboratoires
qui s’approvisionnent officiellement sur des fourrières.
1942 : La SPA accueille trente chiens par semaine sur le refuge de Gennevilliers.
1948 : Création de la section SPA jeunes.
1960 : la SPA assure la gestion de la fourrière parisienne.
1976 : l’Assemblée nationale la « charte de l’animal » déposée par Jacqueline Thôme- Patenôrte, Présidente de la SPA, soutenue par Roland Nungesser, ancien Ministre et futur Président de l’Association.
1982 : ouverture de dispensaires de soins aux animaux réservés aux personnes démunies.
1983 : campagne contre la chasse à courre.
1987 : Jacqueline Faucher, infirmière, est élue 37ème Présidente de la SPA.
1989 : La loi Nallet relative à l’adoption des animaux de fourrière est votée par le parlement.
1992 : Ouverture de la cellule anti trafic.
1993 : Ouverture du 12 ème dispensaire
2000 : Serge Belais, Docteur Vétérinaire est élu 38 ème Président de la SPA.
2003 : Centenaire du refuge de Gennevilliers.
2006 : Caroline Lanty, avocate, est élue 39 ème Présidente de la SPA.
2008 : Virginie Pocq Saint-Jean est élue 40ème Présidente de la SPA